« Nous souhaitons plus que jamais garder le lien avec le plus grand nombre et réinventer notre engagement d’artiste. Avec les plus jeunes, des enfants aux étudiants, les plus isolés aux plus éloignés, nous continuons à inventer, à proposer des rencontres artistiques et solidaires. Ainsi, nous continuons à Tenir parole. »

Emmanuel Demarcy-Mota

Depuis le printemps 2020, plus de 29.000 personnes ont pris part à une Consultation poétique, un moment unique et privilégié de rencontre avec un artiste. Dès le premier confinement, cette initiative s’est développée auprès des étudiants et des enseignants, particulièrement fragilisés par la crise sanitaire. Dès juin 2020, plus de 60 artistes consultants proposaient des créneaux de Consultations par téléphone dédiés aux étudiants, enseignants et chercheurs de la Sorbonne-Université dans plusieurs langues.
Ces rencontres essentielles se poursuivent depuis plus de deux ans, et se font désormais régulièrement en face à face dans les campus de plusieurs universités : Sorbonne-Université, Université Paris-Cité, Cité Internationale Universitaire.

POUR LES ÉTUDIANTS LES PLUS EN DIFFICULTÉ, LA PRÉCARITÉ NE DISPARAÎT PAS PENDANT L'ÉTÉ

« Sur les petites tables devant l'entrée, trois comédiens du Théâtre de la Ville, en blouse blanche, proposent des « consultations poétiques » à qui rêve d'un moment suspendu. « Moi, j'ai adoré la musique, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas vu un concert en live ! », se réjouit Giovanna Ramos, en master de communication à l'université Paris-8. »

Extrait d’un article du journal LE MONDE, daté du 04/07/2021

Quelques témoignages des Consultants poétiques à la Cité Universitaire

Sarah, la trentaine.
Cité Universitaire Internationale.

Elle est professeure de littérature portugaise, et fait une recherche sur des femmes poétesses au Brésil. Elle aime les mots « bonheur », « bizarre », « hasard ». Elle rencontre souvent des situations étranges qui lui apportent des éclairages de ce qu’elle vit. Paris est une ville magique. Elle aimerait entendre quelque chose sur le hasard. Nous parlons du « Le Lanceur de dés » de Darwich, et du poème « Un coup de dés ... » de Mallarmé (ce sera dans sa prescription de le trouver). Je lui lis un poème de Marina Tsvetaeva, dans Le Ciel brûle.
Des larmes montent soudainement. Elle me dit que la littérature fait ça puis parle de la difficulté des confinements, et d’une rupture... « en fait c’est une vraie consultation » me dit-elle.

Véronique, environ 70 ans.
Cité Universitaire Internationale.

C’est une femme d’origine martiniquaise. Elle était professeure de français et à la retraite depuis 10 ans. Elle aime beaucoup se promener, lire. Je lui demande quel livre elle a préféré pendant le confinement elle me parle d’un livre d’une autrice indienne des États-Unis qui a écrit "carry brave". Elle me dit qu’il y a encore beaucoup à faire pour les femmes. La liberté est la chose la plus importante pour elle. Je lui lis “Liberté" de Paul Eluard. Elle est émue à la fin de la lecture. Elle se lèvera et me dira en partant combien elle est heureuse de cette initiative et que sa journée est ensoleillée grâce à nous.

UNE CONVENTION AVEC SORBONNE UNIVERSITÉ

EN 2021, LE THÉÂTRE DE LA VILLE A SIGNÉ UNE CONVENTION DE PARTENARIAT AVEC SORBONNE UNIVERSITÉ, POUR UNE CRÉATION ARTISTIQUE AU SERVICE DE LA COMMUNAUTÉ ÉTUDIANTE ET SCIENTIFIQUE. SES OBJECTIFS SONT NOTAMMENT :

L’enrichissement et le développement de la création artistique au sein de Sorbonne Université pour contribuer à l’enrichissement de l’esprit de tolérance qui caractérise la communauté universitaire.

La réalisation des projets communs, dans le cadre de la politique d’ouverture sociale et sociétale de Sorbonne Université, notamment avec la mission égalité de Sorbonne Université. Dans ce cadre, le Théâtre de la Ville s’associe également avec Michela Petrini et Stéphanie Bonneau de Sorbonne Université pour explorer la question de la parité homme/femme et les diversités des genres dans les sciences et la culture. Le premier projet commun est la réalisation d’un court métrage sur l’égalité homme-femme dans le monde de l’université et de la recherche, à destination des comités de recrutement des enseignants-chercheurs.

LA SEMAINE DE L’ÉGALITÉ

DU LUNDI 20 AU MERCREDI 22 SEPTEMBRE 2021

Dans le cadre de la Semaine de l'Égalité organisée par l’Université Sorbonne, la troupe de l’Imaginaire investit du 20 au 22 septembre l'Université UPMC (site de Jussieu) de 15h à 18h, afin d'y proposer des Consultations aux étudiants et au personnel présents. Les consultations seront organisées autour des temps de colloques et à côté d'autres activités proposées par l'Université. Pour en savoir plus sur l’évènement, rendez-vous sur : www.sorbonne-universite.fr/actualites/la-rentree-de-legalite

LES FESTIVES DE SORBONNE UNIVERSITÉ

« IMAGINONS LE FUTUR »
DU JEUDI 25 AU DIMANCHE 28 NOVEMBRE 2021

Le Théâtre de la Ville s’associe à ce temps festivalier proposé par la Sorbonne Université qui invite les publics amateurs de science à 3 journées de rencontres festives avec la communauté scientifique pour découvrir les multiples facettes de la recherche en lien avec les attentes, les questionnements et les défis de la société. Plus de 60 animations en accès libre sont programmées sur les sites de la Sorbonne, des Cordeliers, de Jussieu, de la Pitié-Salpêtrière ou encore du Muséum National d’Histoire Naturelle. Des interventions artistiques originales seront données par le Théâtre de la Ville, principal partenaire de ce premier festival d’envergure européenne. Rencontres, expositions, concerts, créations et improvisations artistiques traiteront tour à tour d’un nouveau « contrat » entre nature et humanité, de l’être humain de demain et du rôle de l’art, de la culture et du patrimoine dans un monde en mutation.

La Semaine des Femmes Oubliées de l'Histoire de l'Université Paris-Cité

Du 7 au 11 mars 2022

Durant une semaine, les artistes de la Troupe de l'Imaginaire ont investi plusieurs sites de l'Université Paris-Cité, à la rencontre des étudiants et des personnels.L'Université de Paris est historiquement un grand partenaire des consultations, puisqu'elle avait été la première université à en accueillir, avant le premier confinement de mars 2020. Ayant constaté les bienfaits de ces moments poétiques partagés pour les étudiants, un partenariat de consultations par téléphone a été mis en place pendant les divers confinements qui ont suivi. Au total, 41 artistes ont été mobilisés pour 7 sessions de 2 heures. Plus de 250 étudiant.e.s, professeur.e.s et membres du personnel administratif ont pu profiter de ce moment privilégié et poétique.

REPORTAGE SUR LE TERRAIN

CENTRE LGBTQI+ À PARIS 3 MER. 28 DÉC. 2022

Danser ses émotions
Quatre interprètes de Shechter II sont accueillis dans une petite salle en sous-sol où l’espace a été dégagé pour qu’ils donnent un extrait de Contemporary Dance 2.0. Ils joueront ce soir aux Abbesses mais sont venus se consacrer à la vingtaine de spectateurs qui les dévorent des yeux et vont les ovationner. Le groupe de demandeurs d’asile, persécutés dans leur pays d’origine pour leur orientation sexuelle, se retrouvent régulièrement au centre LGBTQI+ de Paris où ils reçoivent de l’aide pour régulariser leur situation, se soigner et partager des activités culturelles. Le lieu est une véritable oasis. Leila a été particulièrement impressionnée par le rythme et la gestuelle enfiévrée des danseurs dont « les mouvements semblent chercher leur impulsion à partir d’une émotion », et s’interroge sur ce qui fonde le travail chorégraphique de la compagnie. Adama qui vient de Côte d’Ivoire, lui aussi danseur, est bluffé par la performance et voudrait savoir « combien de temps de préparation cela représente ». Les quatre à six semaines requises lui semblent un défi improbable... Celui qui est proposé dans l’immédiat est de participer à un échauffement et à un enchaînement chorégraphique avec les danseurs. Il est relevé par tous avec joie et enthousiasme. « La danse, elle nous rend libres ! »

• • Les prénoms ont été modifié.*

Marina Da Silva

Noël Solidaire - Centre de loisirs de l’école Charles Hermite – 18ème arrondissement de Paris.
26.12.22.

Respirer et se sentir libre
Entre la Porte de la Chapelle et la porte d’Aubervilliers serpente la rue Charles Hermite, une diagonale que l’on emprunte pour échapper au périphérique. Un petit parc amène une bouffée d’oxygène dans l’enserrement des immeubles près duquel s’est niché le centre de loisirs de l’école Charles Hermite. En ce lendemain de Noël, quatre enfants (sur les douze attendus) de CP sont venus suivre l’atelier poétique animé par Marion X., danseuse et Elif X., comédienne. Marion commence par une découverte ludique d’expression corporelle en musique, en insistant sur la respiration et le relâchement du ventre. Elle sera suivie d’un échange avec les enfants pour leur permettre d’exprimer leur ressenti : « On se sent musclé et libre ! ». Elif leur lit ensuite un poème de Claude Roy, Nuage, que Marion va les inviter à représenter corporellement en laissant parler leur imaginaire. Se met alors en place l’ébauche d’un geste dansé sur un vers écouté : « Je regarde le nuage », les enfants lèvent la tête et écarquillent les yeux, « Il est blanc pommelé », ils pétrissent des pommes… Ce phrasé sera répété jusqu’à ce que la totalité du poème soit connu et interprété. Les enfants ne lâchent rien. Viendra alors le temps de la représentation. Ils sont invités à faire « comme si » ils allaient jouer pour le public. Et là l’excitation est à son comble : « On a fait un échauffement. On a entendu un poème. On a fait un spectacle ! ». Bravo les artistes !