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Entretien avec Clint Lutes

Comment êtes-vous arrivé à la réalisation d’Encorps avec Les ailes déployées ? Que représente ce type de travail dans votre parcours artistique ?

C.L. : Cela fait déjà huit ans, après un premier projet en Allemagne qui m’avait beaucoup touché, que je me concentre sur des projets socio-culturels auprès de personnes âgées, atteintes de Parkinson, ou de troubles psychologiques, auprès de réfugiés, de chercheurs, de soignants… C’est une autre façon de danser. Aujourd’hui, cette « danse inclusive » est au cœur des activités de pratique, de création et de recherche de ma compagnie, la compagnie DaPoPa. La rencontre avec Les ailes déployées s’est faite lors des Consultations poétiques et dansées du Théâtre de la Ville. Le projet a été conçu pour se dérouler sur un an. A raison d’un atelier que j’animais une fois tous les quinze jours en direction des soignants et des personnes soignées qui viennent aussi bien de la structure d’accueil pérenne que du dispositif d’accueil de jour. La composition du groupe a donc pas mal fluctué jusqu’à la restitution finale.

Comment s’est déroulé le processus de travail ? Quels en ont été les temps forts ?

C.L. : Dans un premier temps, il s’agissait d’une introduction à la pratique, de se rencontrer et de tester des choses. La connaissance de soi et de son intimité, l’observation de son environnement, des pratiques somatiques ou d’influence, mais aussi des explorations ludiques, avec beaucoup d’improvisations. En prenant en compte le ressenti des participants et leur état, qui peut varier d’un jour à l’autre, et ce qu’ils aimaient. Ensuite, nous avons eu cette période de réalisation de la vidéo qui a été très motivante et fédératrice et a aidé à la construction du groupe. En même temps nous participions à un parcours de spectateurs. Nous allions ensemble – une à deux fois par mois – voir des spectacles de danse contemporaine, très variés, que nous analysions ensuite en atelier. Puis nous avons construit la performance, en extérieur, qui était destinée au public, essentiellement les familles et les proches mais aussi des personnes venues des sept autres structures des Ailes déployées, très intéressées par ce projet. Là bien sûr, pour parvenir à la construction des scènes chorégraphiées et à leur mémorisation, le travail a été beaucoup plus intensif et la semaine précédent la représentation, les répétitions avaient lieu tous les jours.

Quel bilan en faites-vous, pour vous et pour et les participants ?

C.L. : Cela a été très positif. Tout le monde était ravi. Les participants bien sûr qui craignaient jusqu’à la dernière minute de ne pas pouvoir mémoriser le déroulement de la performance, et qui se confrontaient, souvent pour la première fois, au regard du public. Et le public qui a été étonné et touché de la qualité de la performance. La danse inclusive ouvre une autre attention à l’Autre. Danser avec quelqu’un de 25 ans ou de 80 ans ou porteur de handicap cela pose des questions tout à fait différentes et cela permet une communication et des échanges à un autre niveau de sensibilité.

Propos recueillis par Marina Da Silva


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