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Notre engagement est de continuer à préserver, soutenir, réinventer les liens entre la culture, et les acteurs du champ social. Grâce à nos partenaires, nous pouvons continuer à affirmer par l’action, sur le terrain, nos engagements d’artistes et de citoyens. Ensemble nous continuons, comme nous y sommes engagés, à tenir parole.

ENTRETIEN

KHATER YENBOU, DIRECTEUR DE L'ASSOCIATION D’AIDE ALIMENTAIRE LA CHORBA

Vous avez accueilli des consultations poétiques dès le début de la pandémie. Qu’est-ce que cela a représenté pour vous et pour les personnes qui bénéficient de votre aide ?

La pandémie nous a permis d’obtenir la mise à disposition des restaurants de la Ville de Paris, notamment celui de la place de l’Hôtel de Ville, pour nos distributions du soir, à l’abri, dans de véritables lieux d’accueil. C’est dans ce cadre que les consultations poétiques nous ont été proposées. J’avoue que nous étions plutôt sceptiques. Mais cela a fonctionné au-delà de toute espérance. Notre public - composé à 80% d’hommes et 20% de femmes, sans enfant, sauf à titre exceptionnel – a répondu avec enthousiasme. Nous avons vu des personnes pleurer d’émotion et manifester leur reconnaissance. Nous avons alors élargi les propositions en accueillant aussi des petites formes artistiques dans les salles du réfectoire et en offrant des places de théâtre à nos bénéficiaires. En quelque sorte, nous nourrissions le corps et les artistes nourrissaient l’esprit. Pour nous c’est important de pouvoir développer cet accès à la culture pour tous ceux qui en sont exclus et nous avons entamé des démarches avec d’autres lieux culturels pour bénéficier de l’accès à des expositions ou à des spectacles. Les personnes en grande précarité considèrent que la culture leur est un domaine interdit car ils n’ont pas les moyens matériels d’en approcher. Nous avons pu constater que les jours où une activité culturelle est proposée nous avons zéro problème de comportement. C’est un 20 sur 20 à tous les niveaux ! Nous espérons vivement que cette dynamique va pouvoir se poursuivre.

Propos recueilli par Marina Da Silva


TÉMOIGNAGES

CONSULTATIONS POÉTIQUES POUR LES BÉNÉFICIAIRES DE L’ASSOCIATION LA CHORBA, LE 21 DÉCEMBRE 2022 :

« C’est pour ça que je fais ça, c’est là où je trouve profondément du sens », glisse la comédienne juste après cette séance de Consultations poétiques parfois allongées, auprès de personnes souvent isolées : « Je ne pouvais pas arrêter, elle avait tellement besoin de parler. »

REPORTAGE SUR LE TERRAIN

MAISON D’ARRÊT DU VAL D’OISE MAR. 13 DÉC. 2022

De l’importance d’être écouté
C’est la sixième intervention pour des Consultations poétiques et dansées à la Maison d’arrêt du Val d’Oise. Les détenus, des hommes jeunes pour la plupart, ont été informés de ce temps de respiration et sont venus spontanément. D’autres l’ont découvert en se rendant à la bibliothèque ou à un cours et manifestent leur curiosité pour cette présence inattendue qui leur ouvre un espace de liberté. Les artistes ont mis leur blouse blanche de médecin du cœur. Marion prend un moment dans une petite salle pour échanger avec Bertrand, parce que « c’est important d’être écouté dans la vie », lui sourit-elle. Elle trouve le chemin des questions intimes qui laissent l’autre s’avancer jusqu’où il en a envie. À la fin des confidences partagées, elle offre à son compagnon du moment une danse improvisée qu’il lui a inspirée. Plus loin, Fred X. accueille Patrick avec son Vidal poétique. Ils sont d’emblée sur la même longueur d’onde car pour le jeune père de famille « un poème, c’est un message délicat et rythmique ». Il découvrira alors la musicalité des textes du poète portugais António Ramos Rosa qu’il pourra garder et lire à haute voix. Et qu’il destine à sa fille. Dans le temps imparti et resserré, sept rencontres auront ainsi lieu comme un arc-en-ciel levé au-dessus des murs.

  • Les prénoms ont été modifiés.

HALTE FEMMES DE L’HÔTEL DE VILLE SAM. 31 DÉC. 2022

Voir la vie en rose
Depuis décembre 2018, à l’initiative de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, la salle des Prévôts et celle des Tapisseries de l’Hôtel de Ville ont été transformées en un lieu d’accueil pour des femmes sans abri, orientées par les services sociaux. Elles sont une cinquantaine, de tous âges et origines, à y être hébergées sous les ors et les colonnes de marbre de la République. En ce 31 décembre, elles fêteront la nouvelle année avec bulles et paillettes. Des vêtements sont régulièrement déposés pour elles et les plus beaux ont été gardés pour ce grand jour. Les festivités démarrent à 15 H avec Pas un pas ne se perd, un spectacle musical mis en scène par Hugo Jasienski avec trois comédiennes-chanteuses, Myra Zbib, Dimitra Kontou, Sara Belviso, et deux comédiens musiciens, Ailton Matavela, guitariste et Yassine Zerhouni, pianiste. L’Homme à la moto, La Vie en rose, Quand il me prend dans ses bras, Padam padam, Milord... les chansons d’amour d’Édith Piaf sont revisitées avec fougue, passion, colère, certaines transposées en grec, en espagnol, en portugais ou en arabe. La puissance et l’audace des interprètes sont reçues cinq sur cinq par le public des femmes qui manifestent leur joie tout au long de la représentation. Celle qui ne voulait rester que cinq minutes parce qu’elle avait à faire n’a pas bougé de sa chaise, émue et bouleversée : « C’est trop beau ! ». Une autre, arrivée presque en fin de spectacle, voudrait qu’on le rejoue pour elle...

Marina Da Silva