Avec Gala, Jérôme Bel poursuit le projet d’offrir la scène à ceux qui en sont généralement exclus. Ici, des amateurs choisis pour leur amateurisme, au sens fort de pratique amoureuse de l’art, sont mis sur le même plan que des professionnels, substituant à la maîtrise technique le seul plaisir de se produire en public. La forme du gala, parent pauvre du spectacle pro, permet de mettre en scène leurs chorégraphies domestiques, ces échecs et ces fragilités fructifiés qui découvrent une autre façon de produire de la danse, jouissive et décomplexée, affranchie de tout jugement esthétique. Détachée du savoir académique, la danse se présente dans Gala comme une pratique fédératrice dont le public peut pleinement mesurer les effets politiques, que ce soit en termes de lien social, de récit collectif ou de culture en partage.

Florian Gaité