Recherche(s) fondamentale(s)
Pour Ion, Christos Papadopoulos a cherché du côté de la physique, de la sociologie et même de l’ornithologie. Pour un retour aux sources en toute sobriété.
Christos Papadopoulos est un jeune chorégraphe. Grec. Et en vogue. Ce qui, a priori, le prédestine à créer des fresques où se chevaucheraient une myriade de mythes antiques et fondateurs, pour être revus par le prisme des crises actuelles, comme chez Dimitris Papaioannou et autres Euripides Laskaridis, récemment passés par les scènes du Théâtre de la Ville. Mais il n’en est rien chez Papadopoulos. Ce jeune prodige creuse des strates plus ancestrales encore, en investiguant sur un possible secret de la nature qui pourrait, sans que nous en ayons conscience, déterminer le vivre-ensemble des humains : Un code-source de la cohésion sociale. Le chorégraphe endosse alors l’habit de la recherche fondamentale et se tourne vers les êtres dont le rapport au monde n’a guère changé depuis leur apparition : les animaux.
Dans Elvedon, sa première création qui date de 2016, il se laissa inspirer par les vagues maritimes et les bancs de poissons. Pour Ion, pièce pour dix danseurs, il s’intéresse à deux principes-clés en physique et en sociologie qui sont directement liés à l’un des drames humains majeurs de nos jours : la migration. Côté physique, il décortique la structure nucléaire des électrons, formant les ions, dont le nom découle directement du verbe grec ienai : aller, marcher. Ensuite, il scrute la mystérieuse capacité des oiseaux migrateurs à former des essaims parfaitement aérodynamiques, optimisant les ressources de chaque individu, tout en érigeant le collectif en valeur suprême, partagé par tous. On ne peut qu’être intrigué par leur capacité à se projeter dans un projet collectif, à l’heure où l’humanité bascule vers un absolu égotiste et perd toute capacité à coopérer pour survivre.
Sur scène, Papadopoulos reconduit son petit microcosme vers des motifs fondamentaux : une communauté originelle, concevant le temps comme cyclique et l’unisson comme primordial. On dit de cette danse qu’elle serait minimaliste, mais elle ne l’est qu’en écho à l’énergie intarissable qui émane des communautés d’oiseaux ou de poissons, où chaque individu se préserve en donnant le maximum pour le collectif. Logiquement, l’unisson est ici cette même source d’énergie vitale. Et ce n’est pas par leur nombre que les danseurs donnent l’impression d’être une foule en osmose, mais en affirmant leurs individualités, pour mieux les mettre au service d’une œuvre collective. Pour éviter l’éclatement, il devrait donc exister un mystérieux algorithme, dont les oiseaux sauraient encore se servir et que l’humanité serait en train de perdre. Ion est à voir comme une tentative de récupérer cette clé cachée.
Thomas Hahn
Pays Grèce
concept & chorégraphie Christos Papadopoulos
DRAMATURGIE Tassos Koukoutas MUSIQUE Coti K LUMIÈRES Tasos Palaioroutas COSTUMES Angelos Mentis DÉCOR Evangelia Therianou ASSISTANTES DU CHORÉGRAPHE Katerina Spyropoulou, Ioanna Antonarou AVEC Maria Bregianni, Nanti Gogoulou, Amalia Kosma, Hara Kotsali, Giorgos Kotsifakis, Dimitra Mertzani, Efthymis Moschopoulos, Ioanna Paraskevopoulou, Alexis Tsiamoglou, Alexandros Varelas
Christos Papadopoulos a été découvert dans le cadre de Chantiers d’Europe 2017.
lun. 5 nov. 2018
20:00
10 à 26€
mar. 6 nov. 2018
20:00
10 à 26€
mer. 7 nov. 2018
20:00
10 à 26€