Pour ce deuxième rendez-vous du cycle Rencontres pour lire, Mohamed El Khatib propose une soirée de lectures avec Nathalie Baye, Julie Depardieu et Eric Elmosnino, qui, tout au long de leur carrière, ont fait face aux questionnements présents dans Pierre Bourdieu. L'Insoumission en héritage.*

"J’ai toujours ressenti une sorte d’incompréhension quand, dans ma vie après mon enfance, des amis avec qui je dînais au restaurant me disaient qu’ils n’avaient « plus d’argent » alors que nous étions au restaurant et qu’ils s’apprêtaient à payer un dîner. Dix ans plus tôt, quand j’entendais ma mère dire « plus d’argent », cela voulait dire qu’il ne restait plus rien dans son petit porte-monnaie de cuir, et qu’il faudrait aller taper à la porte d’une de mes tantes qui habitait à quelques maisons de chez nous pour qu’elle nous donne un paquet de pâtes et du fromage râpé. Par mon appartenance de classe, par mes origines, mes définitions du « plus d’argent », du rien, du vide, du néant, différaient radicalement, et la politique jouait un rôle déterminant dans la place du vide."

C’est Édouard Louis qui ouvre l’ouvrage collectif Pierre Bourdieu. L’Insoumission en héritage, avec une contribution très personnelle, une sociologie en acte ancrée dans son histoire familiale qui remet en tension ce que Bourdieu a mis en lumière dans son approche critique de la réalité. Annie Ernaux, Didier Éribon, Arlette Farges, Geoffroy de Lagasnerie font partie des contributeurs/trices qui rendent compte ici de leur dette intellectuelle à l’égard du sociologue, mais qui surtout réactivent une attitude d’insoumission pour développer une pensée critique autonome dans leur pratique sociale et politique.

*(publié par les Presses Universitaires de France - Collection Quadrige)