Le 19 juin 2024, une dizaine de jeunes de l’Institut médico-éducatif Cerep-Phymentin est monté sur scène pour présenter le fruit de l’atelier théâtre qu’ils ont suivi pendant un an. Leur pratique a été enrichie par un parcours de spectateurs et la découverte de quatre spectacles. Récit de cette journée magique.

Soudain c’est l’effervescence dans la salle des Œillets du Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, un groupe d’une dizaine d’adolescents de l’IME Cerep-Phymentin de Paris, présentant des troubles psychiques, et leurs accompagnateurs débarquent pour une répétition avant la représentation du spectacle qu’ils préparent depuis un an. Ils sont familiers du lieu, car ils sont venus parfois pour l’atelier, ont suivi un parcours de spectateurs et assisté à des spectacles de théâtre et de danse. Cela les a aidés à développer le sens critique et à nourrir leur jeu.

Les régisseurs sont déjà en place. La comédienne Gaëlle Guillou, de la Troupe du Théâtre de la Ville, qui anime tous les lundis les ateliers de théâtre de 2 heures, les accueille : « Ça va bien se passer, on a un peu le trac, c’est normal. On va répéter une seule fois. Tout à l’heure, le public va rentrer par le fond avant de s’asseoir et je vais être sur le côté pour vous guider. » Les jeunes comédiens prennent place dans les coulisses et s’assurent qu’ils ont bien leurs accessoires posés sur une chaise : une veste, un miroir, un flacon de parfum…, d’autres vont au fond de la salle. « Est-ce que tout le monde est prêt ? » demande Gaëlle. Le noir se fait, puis la lumière jaillit et la musique est lancée. Les scènes s’enchainent drôles, touchantes, chacun prend sa place, est plus à l’aise, dit son texte, avec parfois l’aide discrète d’une des deux éducatrices souffleuses.

La création s’inspire de scènes de Miche et Drate, paroles blanches de Gérald Chevrolet mais aussi des mots forts et universels des jeunes. A tour de rôle ils vont dire ce qu’ils aiment ou les rend heureux en mimant les situations : « Ce que j’aime dans la vie c’est la liberté », « C’est me faire confiance », les cadeaux, me promener, porter une belle veste… ou « danser », et la jeune fille d’esquisser des pas de danse, légère, gracieuse sur les pointes en traversant le plateau. Ils partagent aussi ce qui leur fait peur : « être seul, le vide. »

Après la répétition, Gaëlle encourage, conseille : « Prenez votre temps. Attends que la musique s’arrête, n’anticipe pas le fait de partir. On ne veut pas des gens parfaits, on veut des gens vivants, si on se trompe il n’y a aucun problème et tu t’es rattrapé, c’est très bien. Il faut regarder vers le public, pas par terre, je veux voir ton visage, il est très expressif. Vous êtes magnifiques. » La salle est maintenant remplie de spectateurs. Les comédiens entrent par le fond et prennent plaisir à jouer, tout s’enchaine. Ils occupent la scène, frappent par leur présence.

L’atelier apporte à la fois l’expérience du jeu théâtral mais aussi celle de la relation aux autres, de trouver sa place, permettant de tenter ce que l’on n’ose peut-être pas faire au quotidien. « Le théâtre engage le corps, la voix. Il y a des effets directs et d’autres dans le temps » remarque une éducatrice. La salle applaudit longuement. « C’était un peu court » regrette un spectateur !

Marie-Claire Brown

Découvrez le film sur le projet de A à Z réalisé par Etienne Aussel :

Un projet du Théâtre de la Ville-Paris en partenariat avec l’IME Cerep-Phymentin
Mené par Gaëlle Guillou, comédienne de la Troupe du Théâtre de la Ville
Avec le groupe théâtre : Adama, Chabinez, Edye, Ibrahim, Jennah, Jonathan, Liorith, Marény, Myriam, Rayan
Les éducatrices spécialisées Véronica et Valérie et l’ensemble de l’équipe de l’IME Cerep-Phymentin

Grâce au soutien de la Fondation Casino
Dans le cadre du programme Théâtre et égalités des chances