Des lunettes presque magiques
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Les « lunettes connectées » : une nouvelle solution pour l’accessibilité, où le surtitrage se fond dans le jeu des comédiens.
Bien entendu, ceci est une exception. Vous avez l’habitude que le Théâtre de la Ville vous parle des artistes et œuvres présentées dans ses salles. Mais pour une fois, la vedette sera un petit objet, pas un gadget mais une aide précieuse. Les « lunettes connectées », de la société Panthea et disponibles à l’accueil du Théâtre de la Ville – mais sur réservation – permettent aux sourds, malentendants ou encore aux noms francophones de suivre Shakespeare sans perdre une seule réplique !
Ces appareils optiques offrent, outre leur look futuriste, la possibilité de suivre un surtitrage, bien utile pour nous libérer des textes projetés au-dessus du cadre de scène ou bien sur les côtés. Ce surtitrage classique présente – et tout le monde en conviendra – l’inconvénient d’obliger le spectateur à détourner ses yeux de la scène pour suivre le texte. Un choix souvent difficile, sans parler des éventuelles courbatures de la nuque. A ce dilemme, les lunettes connectées amènent une solution surprenante, faisant apparaître les textes dans les verres, sans que les caractères empêchent de voir les personnages. Comme par magie, scène et écran se fondent l’un dans l’autre.
Certes, ce petit bijou de technologie est un peu plus lourd que les lunettes de vue habituelles. Mais on s’y fait, même en glissant, le cas échéant, les lunettes connectées sur ses lunettes personnelles. Car cela aussi est possible sans poser problème. Les conséquences de cette innovation sont énormes. Et bien sûr positives. Les théâtres de la République offrant un service public de première importance, il est logique d’œuvrer à les ouvrir au maximum à toutes les catégories de la population.
Alors, « lunettes connectées » ?
Oui, car les surtitres sont envoyés, via un circuit de wifi interne, à tous les utilisateurs et reçus dans un petit boitier individuel connecté aux lunettes, boitier qui présente un petit écran bien pratique car il permet de régler la taille, la luminosité, la couleur, la position et la langue des surtitres (français, français adapté pour les personnes sourdes et malentendantes, anglais, langue des signes française).
Car la scénographie et donc l’arrière-plan peuvent changer d’ambiance et il est fort utile de pouvoir optimiser la visibilité des textes. Et puis, cette forme simple de réalité augmentée peut même apporter des informations supplémentaires.
Quand dans Le Songe d’une nuit d’été, dans la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota, on « chante en espagnol » ou « parle en lingala », les lunettes nous en informent alors que le spectateur « normal » identifie – ou non – l’idiome, en fonction de ses propres connaissances linguistiques. Mieux encore, le plus souvent les surtitres indiquent le nom du personnage qui parle ou indique p.ex. : « Rire de Bottom ».
Et ce n’est pas Obéron qui vous verse dans les yeux une poudre ou un jus magique pour vous rendre amoureux du théâtre. Non, il s’agit d’un outil bien réel et pratique, non seulement quand on est privé d’ouïe, mais aussi pour tous ceux qui sont en perte d’acuité acoustique. Pas étonnant alors que ce dispositif, qui commence à faire son entrée dans le paysage théâtral, soit de plus en plus demandé, soit pour le surtitrage soit pour l’audiodescription, à partir du même boîtier individuel. Aussi ce qui vaut pour les non-entendants bénéficie aussi aux non-voyants et aux voyants qui parlent une autre langue. Un vrai pas en avant pour rendre le théâtre accessible au plus grand nombre.
Thomas Hahn
OPERATION SOUTENUE PAR L’ÉTAT DANS LE CADRE DU DISPOSITIF « EXPÉRIENCE AUGMENTÉE DU SPECTACLE VIVANT » DE FRANCE 2030 ET OPÉRÉE PAR LA CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS. ACTION FINANCEE PAR LA REGION ÎLE DE FRANCE ET AVEC LE SOUTIEN DU FONDS D’ACCESSIBILITE ET DES ŒUVRES DE LA DRAC ÎLE DE FRANCE
ARTICLE ASSOCIÉ : L'ACCESSIBILITÉ AU THÉÂTRE DE LA VILLE