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DANSER LA COMPLEXITÉ D’UN PAYS

From England with Love est une pièce dont vous avez créé une première version pour le Nederlands Dans Theater, avant de l’imaginer à nouveau pour les jeunes danseurs de la Shechter II. Le titre suggère l’envoi d’une carte postale touristique, mais il peut aussi s’agir d’une lettre d’adieu. Comment faut-il l’entendre ?

Cette pièce est pleine de paradoxes. Son déclencheur a été le Brexit, même si la création n’a pas eu lieu immédiatement après. Mais j’étais à ce moment-là en pourparlers avec le Nederlands et je me disais qu’il fallait écrire une sorte de lettre d’adieu prenant la forme d’un panorama du pays. Cette carte postale est bien sûr subjective et j’assume qu’elle reflète mon regard personnel. Et elle est apolitique puisque je ne sais pas aborder des situations politiques par la danse.

Vous êtes arrivé à Londres il y a vingt-deux ans depuis votre Israël natal. Quel regard portez- vous aujourd’hui sur votre pays d’accueil ?

De l’Angleterre je perçois les défauts et les défis, mais aussi comment on y travaille en permanence pour en venir à bout. Le pays m’a tendu ses bras, m’a soutenu et m’a permis de trouver ma place. J’éprouve donc une énorme gratitude par rapport à cette ouverture d’esprit et j’y suis d’autant plus attaché que mes enfants sont nés à Londres, en tant que citoyens britanniques, dans un environnement cosmopolite. Votre pièce confronte l’élan de la jeunesse aux traditions, et vous semblez parfois vous en amuser. En effet, ce pays est très complexe. Même à Londres, l’héritage culturel reste profondément enraciné. Et en même temps cela a créé des mouvements qui veulent briser les traditions, notamment en matière de création musicale et autres disciplines artistiques. C’est pourquoi on entend ici beaucoup de musique anglaise avec ses paysages pastoraux que j’affectionne. Et en même temps je casse cette ambiance par mes propres compositions qui puisent dans les mouvances punk et rock.

La plupart des jeunes danseurs de la Shechter II viennent d’autres pays et continents. Aviez-vous des discussions avec eux quand vous avez recréé la pièce ?

Nos échanges concernant nos regards respectifs sur le Royaume-Uni étaient très enrichissants. J’ai aussi voulu prendre le temps d’approfondir notre approche pour que les danseurs s’approprient la matière jusqu’à s’y identifier profondément. J’ai ensuite restructuré et enrichi la pièce qui est maintenant plus longue et présente un panorama plus complet du pays.

Quel rôle joue la Shechter II dans vos activités et comment choisissez-vous les danseurs parmi les centaines de candidats ?

Si je choisis une personne pour la Shechter II, c’est qu’elle apporte, au-delà de sa maîtrise technique, une part d’humanité et me donne à sentir une vérité par rapport à la vie. La Shechter II est née d’une envie d’intégrer un ou deux jeunes apprentis dans la compagnie. Mais nous nous sommes retrouvés avec une vingtaine de jeunes aux capacités incroyables et avons décidé de fonder un jeune ballet qui prépare nos futurs danseurs. Leur présence donne beaucoup d’énergie à tous, y inclus à moi-même. Ensemble, ils amènent une vraie compréhension du monde.

Propos recueillis par Thomas Hahn