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Vous placez cette création sous le signe d’un dialogue entre Bach, les musiques africaine et électronique ?

Mon enfance au Burkina Faso a été bercée par le son de la kora et du balafon. Quand j’avais 25 ans, je suis arrivé en Europe et j’ai commencé à écouter la musique classique, dans les cours de danse ou bien dans les spectacles des autres. Bach et les musiques africaines sont donc des réminiscences de ma jeunesse. Aussi Bach est finalement un prétexte. Sa musique arrive, répare et vient dialoguer avec les danseuses à l’intérieur d’un espace sonore.

Quels sont vos choix d’interprétation des fugues et suites de Bach et de la musique de griot ?

Pour Bach, c’est le piano solo, entre autres, enregistré par deux interprètes féminines, fortes d’un jeu très détaillé et sensible. D’une part Zhu Xiao Mei qui, pour avoir joué de la musique occidentale, a subi six ans de camp de rééducation sous Mao. Elle enseigne aujourd’hui au Conservatoire de Paris. D’autre part la jeune Franco-Haïtienne Célimène Daudet, formée au Conservatoire de Paris, qui a monté un festival de musique classique en Haïti. L’un des interprètes à la kora est Toumani Diabaté, grand maître décédé il y a peu et enfin Bruce Liu, pianiste canadien. Par ailleurs, certains musiciens d’Afrique ont interprété Bach au balafon et à la kora. Chez nous, ces univers se croisent sous les auréoles sonores de Marin Cardoze, jeune compositeur électronique.

La spiritualité est peut-être le terrain partagé entre Bach et la kora. Quel rôle joue-t-elle pour vous ?

La quête d’élévation est très importante pour moi. Par ailleurs, la question s’est aussi impo- sée dans la gestuelle, sans que je m’en rende compte. Mon rêve serait que le public sorte de ce voyage apaisé, ressentant quelque chose de positif, comme une élévation, et peut-être même de la joie.

Vous confiez cette création uniquement à des danseuses. Pour quelles raisons ?

Pour moi, les musiques du spectacle évoquent le paysage sonore qui m’a bercé pendant mon enfance. Ce paysage sonore était surtout fait de la parole de toutes les femmes dont l’enfant qui grandit en Afrique entend les voix tout au long de la journée. Les hommes, eux, partent pour revenir le soir, sauf les jours de cérémonies. J’entendais la maman, la tante, etc. qui parlaient et qui chantaient. Avec cette pièce je rends hommage aux femmes et je voudrais amener le public dans ce jeu des réminiscences, comme dans un rêve. La distribution est très interculturelle.

Comment l’avez-vous composée ?

Le spectacle doit sa force et sa richesse à leurs singularités, de la Colombienne Dalila Cortes à la Franco-malienne Awa Joannais qui vient de l’Opéra de Paris, d’Ida Fao qui vient du Burkina et vit à Lyon à Elithia Rabenjamina, d’origine malgache. Les deux ont déjà dansé dans certaines de mes pièces. Enseignant au CNDC d’Angers, j’ai rencontré en 2022 la Française Ema Bertaud et l’Ukrainienne Alina Tskhovryebova. La façon dont elle a su gérer dans son corps la situation émotionnelle suite à l’invasion de son pays par l’armée russe m’a touché profondément, me renvoyant à mon engagement personnel pour les réfugiés des conflits en cours depuis dix ans au Sahel. Chaque personnalité apporte ici son désir d’horizons 1 et cela crée de l’espoir.

Propos recueillis par Thomas Hahn

Danse

0509 nov. 2024

Salia Sanou

De Fugues… en Suites…