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Il s’agit de votre première création avec tanzmainz, l’ensemble implanté à Mayence, en Allemagne. Comment l’aviez-vous préparée?

Je choisis habituellement un matériau de départ pour ensuite laisser les choses se développer librement, dans un processus guidé par mon intuition. Pour Mysterious Heart, je suis partie des Expressions des passions de l’âme, une série de dessins à l’encre de Charles Le Brun, le peintre de Louis XIV, qui étudient les effets des émotions sur l’expression faciale. J’ai trouvé ces portraits très inspirants. C’est aussi de là que vient le titre de la pièce. Car si nous pouvons le plus souvent mettre des noms sur nos sentiments, il nous arrive également d’éprouver des émotions qui restent plutôt mystérieuses.

Comment s’est passée votre rencontre avec les danseurs de tanzmainz? La compagnie est-elle différente des grands ensembles avec lesquels vous aviez travaillé auparavant, notamment la Companhia Nacional de Bailado du Portugal et le Ballet national de Marseille?

Un ensemble où les danseurs – ou au moins un noyau dur – travaillent ensemble sur la durée, va toujours développer une identité forte. À Mayence, j’ai trouvé des interprètes particulièrement impliqués dans le processus de création, dans un esprit de grande créativité. Ils commençaient à improviser avec facilité, à partir de la moindre suggestion de ma part. Leur volonté de donner le meilleur d’eux-mêmes a été impressionnante.

Vous avez développé une signature unique, souvent comparée à une forme contemporaine de l’expressionnisme. Vous semblez aimer la théâtralité, plus qu’un état naturel du danseur sur scène?

Il ne m’est pas toujours nécessaire de partir dans une expression très théâtralisée, mais dans certaines situations, cela est en effet indispensable. En même temps, j’ai amené aux danseurs de Mayence un vocabulaire plus classique et codifié qu’à leur habitude!
Aussi, le premier tableau de Mysterious Heart expose une danse pure où tout le monde est simplement lui-même, puisque cette technicité est chez moi la base de l’expression émotionnelle.

Vous êtes aussi chanteuse et nous entendons ici votre voix, sur la partition électro-acoustique de Diogo Alvim. Une réponse musicale aux dessins de Le Brun?

La musique était en effet notre territoire partagé initial, après les dessins de Le Brun. Alvim a composé sur mesure pour la chorégraphie et j’ai improvisé avec ma voix, sans paroles, en écho aux différentes ambiances émotionnelles. Mais ensuite, nous nous sommes détachés de ces liens directs. Aussi, si une composition est partie d’une émotion et qu’au final tout le monde y voit autre chose, je l’accepte volontiers. Mon but est toujours de créer avec le spectateur des liens plus profonds, car moins rationnels ou analytiques, pour un voyage à travers des dimensions variées.

Les costumes, toujours un élément très significatif de votre univers, peuvent ici évoquer une ambiance carnavalesque et grotesque, voire un règne animal. Comment s’est déroulée la rencontre avec la styliste de tanzmainz, Lucia Vonrhein?

Nous ne nous connaissions pas, mais elle a très vite compris l’ambiance que je voulais créer, même s’il ne m’est pas toujours facile de m’expliquer (rires). Je cherchais un côté émotionnel et peut-être spirituel, en partant d’une ambiance jaune pour la lumière et d’une autre pour le bleu de l’eau. Par ailleurs, je suis en effet végane et très sensible à la cause animale. Les animaux ont des émotions, une famille et des amis, comme les humains. Ils ne devraient pas être consommés.

Propos recueillis par Thomas Hahn

Danse

2528 sept. 2024

TÂNIA CARVALHO, tanzmainz

Mysterious Heart