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LES OBSESSIONS D’UN DJ QUI S’IGNORE

Entretien avec Wim Vandekeybus

Vous travaillez rarement avec d’autres compagnies qu’Ultima Vez, que vous avez créée en 1986. Comment s’est nouée votre collaboration avec le Ballet Rambert ?

Benoît Swan Pouffer, le directeur artistique de Rambert, m’a proposé de créer une pièce avec sa compagnie. En fait il voulait déjà m’inviter quand il dirigeait le Cedar Lake Contemporary Ballet de New York, entre 2005 et 2013. Ensuite il a pris la direction de Rambert et a finalement fait appel à moi, ayant rajeuni la Rambert en intégrant de jeunes danseurs de formation très contemporaine, issus de la Rambert Junior.


Draw from Within est né sous la forme d’une pièce dansée pour la caméra. Pourquoi ?

Nous avions un plan de production et j’avais une idée pour une pièce. Et puis, c’était le confinement ! Sous cette contrainte, nous avons créé une pièce pour le streaming. Nous avons totalement transformé le studio et retransmis la pièce avec cinq caméras. Le directeur de la photographie avait assisté aux répétitions et savait donc à quel moment il fallait suivre quel danseur. Nous avons même joué à des horaires différents pour que le spectacle puisse être suivi en direct, en Europe, en Asie et en Amérique.


L’image filmée prend souvent une place importante dans vos créations. Qu’en est-il ici ?
Dans la version pour la scène, il y a encore des éléments cinématographiques, mais je ne voulais pas reproduire du cinéma car ce qui fonctionne en film ne marche pas sur scène et inversement. On retrouve ici certaines de mes obsessions – le feu, le sang, la fumée, les questions sur l’existence – et même quelques motifs de mes oeuvres précédentes, mais entourés de nouveaux tableaux et abordés d’une manière plus libre. Au résultat, cette pièce est plus légère que mes créations avec Ultima Vez.


Comment avez-vous abordé votre rencontre avec les danseurs ?

Nous devions faire des ateliers de préparation, mais tout a été annulé à cause de la pandémie. Heureusement, les dix-sept excellents danseurs de Rambert sont habitués à travailler avec les chorégraphes de styles les plus divers. C’est un cadeau de travailler avec eux. Ils sont extrêmement bien entraînés, mais je voulais surtout leur donner une présence sur scène, du charisme et de la liberté car je travaille beaucoup en fonction des capacités de chacun. Certains ont embrassé leur liberté avec un bonheur particulier.


Votre playlist inclut beaucoup de compositeurs qu’on n’a pas l’habitude d’associer avec la danse. Seriez-vous un véritable mélomane ?

Pour mes pièces avec Ultima Vez, j’aime travailler avec un seul compositeur pour avoir une unité, comme dans un film. Ici je voulais travailler sur les contrastes, à partir de musiques des années 1960. À Londres, en travaillant avec Rambert, je me retrouvais seul à la sortie des répétitions. Je dédiais mes soirées aux recherches musicales. J’ai plongé dans les musiques de cette époque en écoutant les émissions d’un DJ de la radio flamande pendant le confinement. Il sortait tout ce qu’il n’avait pas écouté depuis des lustres, et c’était d’une richesse incroyable !


Propos recueillis par Thomas Hahn

Danse

0306 févr. 2022

Draw from within

Wim Vandekeybus CRÉATION