L’atelier de théâtre élaboré par Le Théâtre de la Ville pour un groupe d’adolescents de l’Institut Médico-Éducatif Cerep-Phymentin et une classe de CE1 de l'Ecole élémentaire Rampal, dans le 19e arrondissement de Paris, redessine le geste d’aller vers l’autre et vers l’art.

Le 27 janvier au matin, c’est jour de fête. Le groupe d’adolescents de l’Institut Médico-Éducatif Cerep-Phymentin et les élèves de la classe de CE1 de l'Ecole Rampal ont rendez-vous au studio du Théâtre de la Ville-Espace Cardin. Ils vont découvrir Et si tu danses, de Marion Levy. En octobre, Le petit bain de Johanny Bert avait généré leur excitation enthousiaste. Ils verront encore Depuis que je suis né, de David Lescot en février, Le Théorème du pissenlit d’Olivier Letellier en mars, et Wanted Petula d’Emmanuel Demarcy-Mota en mai. Un éventail de spectacles pour aiguiser leur curiosité et leur regard.

Pour nourrir le travail qu’ils mènent séparément mais ensemble, avec leurs éducateurs et enseignants et deux comédiennes de la troupe du Théâtre de la Ville, Gaëlle Guillou et Sandra Faure, autour du texte En attendant le petit poucet de Philippe Dorin. Ce sera le fil conducteur et d’invention d’une restitution publique qui est annoncée pour fin juin, à l’issue de l’atelier que mènent avec eux les deux artistes depuis septembre, une fois tous les quinze jours. En attendant, et avant chaque spectacle, les deux groupes se retrouvent dans une rencontre éphémère mais pleine d’émotions.

« On est hyper contents de vous voir ! ». Gaëlle a donné le « la » et propose de former un grand cercle pour se donner la main, se regarder, se saluer, s’accueillir. S’accueillir, c’est très important. Accueillir l’autre, c’est déjà un geste artistique. Cela va passer par l’écoute, le regard, la transmission. Une petite pression de la main, le suivi d’un regard, l’ébauche d’un mouvement qui se répercute ensuite dans tout le corps, comme une grande vague libre. Et s’applaudir.

La nouvelle inattendue et précieuse est donnée par Sandra : les petits CE1 ont réalisé un dessin et rédigé une lettre pour les jeunes de l’IME. Pour une deuxième rencontre cela relève déjà du coup de foudre collectif… Une manifestation d’amitié qui n’est pas anodine car elle éclaire le dispositif d’attention et d’égards dont ont besoin ces enfants et adolescents plus fragiles pour qu’ils trouvent leur place et leur épanouissement, dans un cadre scolaire et hors scolaire, sans être laissés au bord du chemin. Une réflexion et la construction d’un espace de recherche et de création que mènent les deux comédiennes, avec les référents des deux structures, très impliqués dans le projet. Le parcours sera le même pour les deux lieux, adapté à l’âge et aux capacités des participants. Basé sur des apprentissages et des rituels, il va leur permettre de matérialiser des espaces, marquer les entrées et les sorties, enregistrer des déplacements et des répliques. Expérimenter la construction d’une histoire théâtrale et la confiance en soi.

Sandra Faure et Gaëlle Guillou de la Troupe du Théâtre de la Ville