La singularité comme élément créateur – Entretien avec Gaëlle Guillou
Actrice complice de longue date d’Emmanuel Demarcy-Mota, Gaëlle Guillou est aussi formée en art thérapie. Une connaissance précieuse pour ces ateliers de jeu.
« Je suis absolument convaincue des bienfaits de l’acte artistique pour soutenir et accompagner les personnes en situation de fragilité sociale, psychique ou physique. Là, j’ai surtout travaillé sur le groupe, sur le corps et l’espace. J’ai très peu utilisé les mots dans leur signification mais plutôt sur le plan de la résonance : qu’est-ce qu’un mot peut provoquer émotionnellement, sa couleur, sa forme, son rythme ?
« Je ne propose jamais de cadre psychologique, je m’attache très peu au personnage. Il s’agit de partir de la personne elle-même et de sa créativité inexplorée, de l’aider à sortir de l’idée de bien faire, de partir de la réalité du moment, de ce qu’elle ressent au présent, par des jeux dans l’espace. Ces ateliers offrent un espace de liberté et de permissions car cet espace protège le groupe. C’est le lieu où l’on s’autorise. On prend le droit de jouer avec ce qu’on est dans la vie, tout ce qu’on veut cacher parce qu’on pense que ce n’est pas bien, apporte du jeu. Ce qui est considéré comme une faiblesse dans la vie de tous les jours devient une force créatrice.
« Je viens avec un cadre mais je fais avec ce qui survient, j’adapte. Ici, la création n’est jamais jugée. Dans un atelier de théâtre on vise souvent un objectif, une certaine injonction de résultat. Ici on se laisse plus porter par ce qui est là. Pour certains, rien que le fait de venir à cet atelier est déjà une démarche énorme. C’est déjà suffisant. Et cela produit des groupes extrêmement soudés. Un lien se crée.
Propos recueillis par Maïa Bouteillet