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DES LIVRES À LA SCÈNE, OLIVIER CADIOT ET LUDOVIC LAGARDE CHEMINENT ENSEMBLE DEPUIS PLUS DE 20 ANS. MÉDECINE GÉNÉRALE   EST LEUR HUITIÈME PROJET EN COMMUN. RENCONTRE AVEC L’AUTEUR ET LE METTEUR EN SCÈNE À L’OCCASION DES REPRÉSENTATIONS AUX ABBESSES.

Comment fait-on pour adapter un tel texte à la scène ?
OLIVIER CADIOT : Je dois dire que c’est une prouesse. Parce qu’il s’agit d’un roman de quatre cents pages dont Ludovic a réussi à faire une pièce assez brève qui dure une heure trente.
LUDOVIC LAGARDE : Au premier abord il y avait tout pour faire du théâtre dans ce livre. Trois personnages, Closure, Mathilde et Pierre. Un lieu, la maison en ruine de Mathilde. Une durée… En réalité c’était loin d’être simple. D’abord parce que les trois héros sont comme les différentes facettes d’un même personnage. Ensuite parce que le roman commence par l’enterrement du frère de Closure suivi de son voyage en Amérique. Ça nous a obligés avec Valérie Dashwood et Laurent Poitrenaux (avec qui nous travaillons maintenant depuis plusieurs années sur des textes d’Olivier), mais aussi avec Alvise Sinivia, qui signe par ailleurs la musique du spectacle, à inventer ce début avec le piano et les trois enfants dans le salon familial un jour d’enterrement. Après quoi, il y a le voyage en train et leurs conservations en voix off dans le wagon, où la aussi nous avons inventé. Ensuite, on est dans la maison et là il y a une situation plus traditionnelle de théâtre, mais qui pose un tas de questions.

Comment se fait le travail d’adaptation proprement dit ? Est-ce que vous y participez tous les deux ?
O. C. : Je suis incapable de travailler à l’adaptation d’un de mes textes. Ça serait comme de retourner un gant, passer de l’envers à l’endroit ou l’inverse. C’est mystérieux et c’est ça qui est intéressant dans notre travail, on joue tous les deux, chacun à sa manière, sur la face orale de l’écrit et la face écrite de l’oral. C’est-à-dire que chacun éclaire l’autre dans un jeu permanent. Donc il n’y a pas de travail commun de préparation. En revanche j’assiste aux répétitions, je donne mes impressions.
L. L. : On est dans une relation de confiance. Olivier donne son sentiment et je l’écoute. Il peut émettre un avis, poser une question. Pour Médecine générale, dès que tu as vu le dispositif, tu as été très encourageant et tu m’as aidé à prendre des décisions. À ce moment-là c’est vraiment un travail d’équipe.

Quel est pour vous le rapport entre théâtre et écriture ?
O. C. : Au fond, le théâtre protège l’écriture. Dans la mesure où je n’ai pas la responsabilité de la scène, je peux aller très loin. Je peux me permettre, par exemple, dans le cas de Médecine générale d’être dans l’espace du roman. Or l’espace du roman, c’est aussi l’espace du théâtre parce que c’est là où il y a des dialogues.
L. L. : En fait le théâtre a beaucoup changé et le monde change beaucoup aussi. Tout va très vite. L’ancien théâtre ne répond plus aux questions posées par notre époque. Donc quand je travaille sur un nouveau texte d’Olivier, je sais qu’à chaque fois je dois imaginer une nouvelle forme théâtrale pour rendre explicite pour les spectateurs ce qui dans le texte relève de l’implicite.
O. C. : Pour moi c’est très précieux parce que le travail de théâtre me fait avancer mentalement. Le théâtre révèle, exactement comme une photographie qu’on plonge dans un bain de révélateur. Le metteur en scène est celui qui donne forme à ce qui apparaît.

Propos recueillis par Hugues Le Tanneur

Théâtre

28 avr.13 mai 2025

Médecine générale

Olivier Cadiot, Ludovic Lagarde