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Ni haine , ni peur.
La montée continue du RN et la propagation de ses idées ont atteint aujourd’hui un seuil critique, plaçant l’extrême-droite aux portes du pouvoir.
Face à cette terrible éventualité, à la violence verbale et idéologique déjà en action, nous ne pouvons pas nous dérober. Une nouvelle fois, il nous faut faire barrage, résolument, sans hésitations, avec force et détermination. Il en va de la survie de notre démocratie et de l’honneur de notre pays.
La diversité et le dialogue des arts, des cultures, des pays, des genres sont au cœur de notre engagement de tous les jours et de tous les temps. Celui d’un théâtre au service de tous les publics et de tous les artistes. Un lieu d’opposition à toute forme de discrimination, d’exclusion, d’enfermement des identités.
Nous n’accepterons jamais que des théories nauséabondes instaurent le tri entre les citoyens et entre les êtres, promeuvent la stigmatisation par les origines, affirment que la binationalité crée la déloyauté, distillent la haine et le rejet de tout ce qui est différent. Nous rejetons en bloc cette vision complotiste et manipulatrice du monde.
L’équipe du Théâtre de la Ville, à commencer par moi-même, nombre de mes collaboratrices et collaborateurs, d’artistes et de compagnons sont binationaux ou même non Français. Jean Mercure, son fondateur s’appelait Libermann. Le Théâtre de la Ville a longtemps été dirigé par Sarah Bernhardt, et vient aujourd’hui de reprendre son nom.
La différence et la mixité considérées comme autant de force, d’atouts, de richesse pour la France : voilà ce qui fonde l’ADN historique de notre pays comme de cette maison de théâtre saluée fraternellement dans le monde entier.
Notre manifeste TENIR PAROLE, rédigé face à l’épidémie de la COVID et au risque d’épidémie idéologique, appelait en 2020 à de nouvelles alliances entre les disciplines : l’art avec l’éducation, la santé, la science. Un projet porté par un désir fort de reconstruction, celui d’un monde différent où la pensée solidaire puisse être au cœur du débat. Celui-ci continue aujourd’hui à nous servir de boussole.
Alors que le repli identitaire et le rejet de l’altérité semblent jouer la « répétition générale » d’une époque de sinistre mémoire, il est urgent de voter. Et d’affirmer par là notre engagement absolu au service d’une société « sans peur, ni haine » comme l’appelait Albert Camus de ses vœux en 1948 dans le prémonitoire Etat de Siege.

Emmanuel Demarcy-Mota, samedi 29 juin 2024.