23 mai 2018
Soirée danse
Marco D'Agostin, Annamaria Ajmone, Roberto Castello • 3 spectacles
Eprouver la saturation des mots et des gestes
Heureusement que le titre (Everything is OK) est là pour rassurer ! Car le solo de Marco D’Agostin, chorégraphe italien qui développe son travail depuis 2010, tient d’un chambardement hyper-actif, qui l’entraîne (et nous avec) dans une cavalcade échevelée où la parole, de prime abord, fuse à toute allure dans une collision d’intonations et de styles vocaux ; avant de laisser le corps entrer en fusion (et en profusion) avec une escouade de références et de motifs gestuels. Des figures de la « société du spectacle » qui se condensent dans le flux sans répit d’un mouvement porté à saturation.
Interprète auprès de plusieurs chorégraphes et metteurs en scène (Claudia Castellucci, Liz Santoro, Rosemary Butcher, etc.), Marco D’Agostin développe son propre travail depuis 2010, avec une large palette de diffusion européenne. En mai 2018, outre Chantiers d’Europe avec le solo Everything is OK, il va créer un duo, Avalanche, pour les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
Une danseuse à l’écoute de l’espace
Le Festival Romaeuropa et la Biennale de danse de Venise n’ont pas tardé à reconnaître le talent prometteur d’Annamaria Ajmone, formée à Milan, et le magazine Danza & Danza lui a décerné en 2016 le prix de la « meilleure jeune artiste italienne ». Elle développe notamment des « pratiques d’habitation » où la danse crée son espace dans les lieux les plus divers. C’est ainsi au plus près des spectateurs, dans la cour des Abbesses, faisant en quelque sorte foyer commun, qu’Annamaria Ajmone délie la ligne souple de son solo Trigger, au gré d’une écoute vibrante qui semble amplifier la densité de chaque instant.
Formée en danse ainsi qu’en littérature, à l’université de Milan, Annamaria Ajmone a dansé pour plusieurs compagnies ita-liennes, ainsi qu’avec Guilherme Botelho en Suisse et Jérôme Bel en France. Ses premiers travaux chorégraphiques datent de 2014, et elle s’oriente vers des « site-specific actions », au sein d’un projet qu’elle nomme « Archipel / Pratiques d’habitation ».
Entre danse, cinéma et théâtre, une fresque de La condition humaine
Serions-nous tels des papillons attirés par la flamme avant de s’y brûler ? C’est ce que suggère le titre-palindrome choisi par Roberto Castello, pionnier de la danse contemporaine en Italie. Sous ce même titre, Guy Debord dénonçait dans un film sorti en 1981, l’esclavagisme moderne induit par la société de consommation. On trouvera encore des accents beckettiens (à l’instar du May B de Maguy Marin) dans la fuite sans issue, spasmodique et lancinante, des quatre danseurs réunis par Roberto Castello, pris dans le rythme obsessionnel d’une musique hypnotique, épinglés par une succession de flashes lumineux. Une fresque de la condition humaine.
Danseur, dramaturge et metteur en scène né en 1960, Roberto Castello a étudié la danse moderne à Turin et à New York. Après avoir travaillé avec Carolyn Carlson à Venise, il participe à la création de Sosta Palmizi, l’une des toutes premières compagnies de danse contemporaine en Italie. À partir de1993, il s’installe en Toscane où il crée sa propre compagnie, ALDES.
Le 24 mai à l'Institut culturel italien de Paris, le spectacle Trigger d'Annamaria Ajmone sera suivi d'une conversation en français avec le chorégraphe Roberto Castello animée par Jean-Marc Adolphe.
Pays Italie
Conception & interprétation
Marco D'Agostin
Conception & chorégraphie
Annamaria Ajmone
Danseur, Metteur en scène
Roberto Castello
mer. 23 mai 2018
19:00
de 8€ à 15€